Eyeless In Gaza
Photographs as Memories
(Cd MRED 166, March 6 2000, remastered to Cd)

Review 1

by Rupert Loydell (Tangents.co.uk, February 2003)

It’s 1981 and Eyeless in Gaza’s first LP, Photographs as Memories hits the racks. I used to see them live the year I lived and worked in Coventry – two blokes with the minimum of instruments who came on like an angst-ridden hybrid of Orechestral Manouvres and Captain Beefheart. Who else could make so much noise with an electric guitar, a Wasp synthesizer, a Rolf Harris stylophone, a primitive drum machine and assorted percussion? Not forgetting Martyn Bates frightening singing of course.

On this CD reissue Martyn Bates writes [in 1999] that “This is the music of a voice finding itself.” I think he does Eyeless and himself a disservice. This is the sound of a voice finding new music, giving voice to pure emotion. It is a startling, abrasive, unprecedented music. It is as original and radical as Pere Ubu’s or Magazine’s early records, as free jazz live when it works, as the best abstract painting; as full of surprises as is possible. And it still is.

“profusion of words – while you talk liquid fire, spoken and inferred” sings Bates in ‘Speech Rapid Fire’, which kind of sums up his lyrics nicely. Splinters of [non]sense and raw feelings, anger, love and confusion; a torrent of emotion sung over raw, brave music. No concessions, no prisoners, no let up. At the end of this CD are some of the moments previously only available to us as plastic fragments, seven-inch obscurities. Here, Eyeless aren’t afraid to be quieter and to experiment with abstraction, removing the pulse that is the backbone of the LP tracks. These tracks are as elusive and fragile as birdsong, as overheard conversations, traffic passing in the distance. The band would later go on to produce much more of this sort, sometimes integrating it into their albums, sometimes using at for compilations or as b-sides for singles. Eventually they would make a couple of pop records, Back from the Rains and Rust Red September, and split up; then reform years later for a second bite of the apple.

But nothing Eyeless did was ever again this intense and moving, as naive and illumined, as raw and exciting. It reminds me of sitting in a cold house in Crewe during my first winter at college. The LP’s [and now CD ’s] tinted family snapshot on the cover a ray of unexpected sunshine in the gloom, the music an exhilarating noise.


Review 2

by Alan Brausseau (Pop-rock.com, January 2 2004)

Peu présent dans l’inconscient collectif de chacun, ce groupe-duo y mérite pourtant sa place! A l’occasion de la réédition des CD du label Cherry Red, un aperçu du premier album d’Eyeless in Gaza s’imposait … .

Premier album de la formation, Photographs as Memories sorti en 1981, poursuit le trip photographique du premier simple Kodak Ghost Run Amok de l’année précédente. Pardon d’y revenir, mais la new wave en général, la cold wave en particulier, est victime d’une contrefaçon: on l’aliène à une caricature naïve (du synthétiseur déprimant) alors que les groupes qui la compose apportent leur propre radicalité.

Eyeless in Gaza est donc à saisir en termes de mélancolie expérimentale. Si on le compare à d’autre groupes/duos, on s’aperçoit vite de sa particularité: quand Soft Cell touche à la pop électronique en perdant son intégrité décalée dès le second LP, Eyeless in Gaza évolue vers une musique pop toujours intimiste. Si Pete Becker et Martyn Bates partagent avec Paul Humphreys et Andy McCluskey d’Orchestral Manoeuvres In The Dark le statut de multi-instrumentistes, les premiers conserveront le plaisir magique de la découverte. Enfin, lorsque D.A.F. finit par tourner en rond dans son minimalisme abrupte et glacial, Eyeless in Gaza s’ouvre – avec humanité – des chemins de traverse le temps de quelques albums (Pale Hands I Loved So Well ou Rust Red September).

Photographs as Memories contient treize titres variés partageant une même ambiance, et surtout une écriture reconnaissable parmi mille. On passe du titre court (Clear cut apparently) de 1:26 au très long (Knifes replace air) de 6:43, et du morceau carré (Seven years) au plus “foutraque” (John of patmos). Si les accords de guitares font penser à ceux de Robert Smith sur Another day ou encore M, Martyn Bates ne plagie jamais le son de Cure à l’aide d’un chorus ou autre flanger. De plus, cette guitare n’est pas au centre de toutes les compositions, il est ainsi intéressant de voir comment chaque titre est le fruit d’assemblages-types. En effet, 1981 voit le groupe au sommet de sa forme avec pas moins de trois albums et trois simples (non présents sur les albums) réalisés. De cette production débridée on peut recenser des éléments fondateurs de leur musique qui, selon leur assortiment, va créer une cinquantaine de déclinaisons: batterie minimaliste, boîtes à rythmes rétro, rythmes sur bandes (trafiquées ou non), guitare électrique artisanale, WASP (le synthétiseur chez Pete Becker!), saxophone déjanté, bruitages atmosphériques, et chant hurlé dans une succession de mots choisis pour leur lyrisme décadent («criss-cross the cross in the archaïc figur» sur Seven years).

Ce chant si spécial est le dernier point sur lequel j’aimerais m’arrêter. Le chanteur hurle en mélodie tout au long de l’album … . Pour être vache, je pourrais dire que ça fait l’effet d’un saoulard pas content du tout. Pour faire mon poète, je dirais plutôt que cette prestation totale est touchante car elle fait figure d’éternel dernier concert. No noise, le titre final, confirme cette belle émotion!

Eyeless in Gaza a envahit le champ émotionnel vacant de la cold wave tout en conservant l’esprit irrévérencieux d’une expérimentation artisanale. Le chant si personnel, animé, comme issu d’un engagement intérieur de Martyn Bates fait de ce duo plus qu’une simple curiosité.